Hornstrandir

L’histoire de la réserve naturelle de Hornstrandir en Islande

La réserve naturelle de Hornstrandir est un endroit unique au monde, tant son histoire est particulière. Aujourd’hui l’humain n’habite plus dans la région, qui est redevenue complètement sauvage. On y trouve des plantes rares endémiques d’Islande, des oiseaux par millions, des renards polaires et une faune incroyablement riche. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. En effet, la région a été déclarée réserve naturelle en 1975. Auparavant, dans des temps anciens, l’humain a vécu à Hornstrandir et y a pratiqué la chasse et l’agriculture. À son apogée, Hornstrandir comptait 500 habitants, ce qui est difficile à imaginer aujourd’hui. C’est cette histoire que nous allons vous raconter.

La vie à Hornstrandir durant le siècle dernier

Avant la seconde guerre mondiale, la vie en Islande était très difficile. Le climat extrême, les maladies, les catastrophes naturelles comme les volcans et les avalanches n’ont pas épargné la population islandaise. Mais si la vie était difficile sur l’île, elle l’était encore plus à Hornstrandir. La péninsule est un rempart qui protège les Westfjords d’Islande du vent. L’hiver s’y étend de septembre à mai et les conditions y sont extrêmes. C’est pourquoi l’humain s’est simplement résigné à quitter la région pour s’installer à Ísafjörður, qui était le grand village le plus proche, pour certains, et à Reykjavik ou Akureyri, les grandes villes du pays, pour d’autres.

Ainsi, l’humain a vécu dans la réserve naturelle de Hornstrandir et a défié la nature. Des fermes ont été construites, des moutons ont été importés sur l’île, des femmes et des hommes ont pratiqué la chasse aux oiseaux et aux œufs, l’élevage de moutons et l’agriculture. Des pommes de terre et des rutabaga ont été cultivé dans la réserve autrefois.

Par ailleurs, la vie à Hornstrandir était un véritable défi. Il fallait chaque année accumuler de la nourriture pour l’hiver, sécher le poisson, saler le mouton et conserver les quelques légumes. Durant l’été, les travaux de restauration étaient également faits. A quelques kilomètres du cercle Arctique, dans cette région exposée aux vents et aux intempéries, les bâtiments se dégradent rapidement et l’entretien était annuel.

Les anciens habitants de Hornstrandir

Et si tout a commencé avec l’éruption du volcan Laki 1783/1784 ?
En effet, les islandais connaissent bien cette date, celle de l’irruption volcanique qui a été un véritable drame sur l’île. On estime à près de 10 000 personnes le nombre de victimes de cette catastrophe naturelle. Durant une période de plusieurs années, les populations ont fui le sud du pays et son air toxique. Hornstrandir étant située à l’opposé de l’île par rapport au volcan Katla, elle offrait un refuge pour la population. C’est ainsi que certaines familles se sont installées sur la péninsule durant cette période.
De plus, les vents majoritairement sud-est transportaient les cendres et la vapeur toxiques vers le l’Europe. La faune, la flore et les humains de Hornstrandir ont donc été épargnés.

D’ailleurs, peu de français le savent, mais certains historiens citent le volcan Laki comme l’un des facteurs importants ayant contribué au déclenchement de la révolution française. à cause de ce volcan, qui a provoqué un an d’hiver et de disette, les populations européennes ont connu une grande famine.

Le volcan Laki a certainement favorisé l’installation de femmes et hommes dans la réserve de Hornstrandir. Mais c’est avant tout la richesse de la faune qui a été perçu comme une opportunité et qui a attiré de nombreuses familles à la recherche d’un eldorado.

Enfin, le destin des habitants de Hornstrandir est intimement lié à l’arrivée de l’armée britannique en Islande au début de la seconde guerre mondiale.
Si auparavant les options étaient peu nombreuses, le chômage élevé et la vie difficile, les britannique ont créé des opportunités que les islandais ont su saisir. Construction de bâtiments, de routes et d’aérodromes, commerce florissant … les raisons étaient nombreuses pour les islandais de migrer vers les villes où les britanniques se sont installés. C’est ainsi que les Westfjords se sont vidé de leur population qui s’en allé travailler à Reykjavik et Keflavik.

Le village de Hesteyri

Hesteyri était le plus grand village de Hornstrandir. Les autres villages importants de la région étaient situés à Látrar et Sæból. On notera que les trois emplacements de ces villages sont les plus protégés de Hornstrandir.

Hesteyri a connu une grande époque. L’ancienne station de baleiniers construite en 1894 a été transformée en usine de Harrang. Les habitants de Hesteyri travaillaient dans cette usine jusqu’à la crise mondiale de 1929. Dès lors, les conditions ont commencé à se dégrader jusqu’à la seconde guerre mondiale où l’usine a été abandonnée.

Après la seconde guerre mondiale, les opportunités d’emploi dans les grandes villes et villages étaient nombreuses. C’est ainsi que la population de Hornstrandir a commencé son exil vers Ísafjörður ou Reykjavík.

En 1889, une église fut construite à Hesteyri par les norvégiens. Cette église a fait l’objet d’une donation pour les habitants de Hesteyri. Fait étonnant, en 1962, près de 10 ans après l’abandon du village de Hesteyri, l’église a été récupérée et installée dans le village de Súðavík, à 20 km au sud de Ísafjörður. Aujourd’hui un monument, construit à côté du cimetière de Hesteyri, rappelle aux randonneurs et aux visiteurs l’histoire de l’église de Hesteyri.

Aujourd’hui, neuf maisons sont encore debout à Hesteyri, dont l’ancienne maison du médecin (doctor’s house), qui est devenue une auberge et un restaurant durant les quelques mois d’été. Il en est de même pour l’ancien magasin (Búðin) qui est devenu une maison de vacances. Les autres maisons sont des propriétés familiales et sont aussi utilisées comme maisons de vacances.

La maison du médecin à Hesteyri
La maison du médecin à Hesteyri, sous une aurore boréale

La ferme de Hornvik

Hornvik est aujourd’hui connu pour ses falaises vertigineuses, ses paysages à couper le souffle et son importante population de renards polaires. Mais autrefois, c’était un lieu paisible où vivaient une petite communauté dans la ferme de Horn. Il faut savoir que la baie est exposée au nord. Les conditions de vie étaient donc les plus difficiles d’Islande. Mais cela n’a pas empêché des familles d’y vivre et d’y pratiquer l’agriculture et la chasse.

Panorama de Hornvik et Hornbjarg
Panorama de Hornvik et Hornbjarg

Ainsi, les voisins les plus proches de la ferme de Horn vivaient à Látravík. Ils étaient séparés par les falaises de Hornbjarg et une distance d’environ 7 kilomètres.

Les falaises de Hornbjarg
Les falaises de Hornbjarg
Látravík et le phare de Hornbjargsviti
Látravík et le phare de Hornbjargsviti

Stígur et Jóna, et leur fils de 15 ans, ont été les dernières personnes à vivre à Hornvik. Elles ont quitté la baie en 1948 lorsque Stígur est tombé malade et n’était plus en mesure d’assurer le travail à la ferme.

La ferme de Kvíar

Kvíar était la plus grande ferme de la réserve de Hornstrandir. Située entre les fjords de Veiðileysufjörður et de Lónafjörður. Sa construction en béton est récente. C’est en 1923 que la ferme a été construite par Jón Jakobsson. Le site contient des ruines qui laissent entrevoir l’ancienne ferme, une construction en tourbe,

La ferme de Kvíar est un véritable exploit humain. En effet, il est inimaginable aujourd’hui de transporter les matériaux nécessaires dans un endroit aussi reculé. Les propriétaires, qui étaient connus pour leur savoir-faire en construction de bateau, avaient même installé des éoliennes pour bénéficier d’une liaison radio et avoir la possibilité de recharger des batteries. Cette liaison radio était l’unique moyen de communication de la région.

Les autres anciennes fermes de Hornstrandir

D’autres fermes ont existé ici à là dans la région de Hornstrandir. En plus des village de Hesteyri, Látrar et Sæból, il y avait donc une ferme à Hornvik, une à Kvíar, une à Hælavík, une à Búðir dans la baie de Hlöðuvík, et plus anciennement dans le fjord de Veiðileysufjörður.

Il est à noter que certains islandais ont vécu à Aðalvík jusqu’en 1962. Cette petite population est restée à Hornstrandir pour travailler dans la base aérienne américaine de Straumnes.

La nature sauvage de la réserve naturelle de Hornstrandir

Hornstrandir est un endroit unique ! La nature y est sauvage et préservée. La réserve est un refuge pour des millions d’oiseaux marins et d’oiseaux de la toundra. En été, les falaises, les fjords et les baies regorgent de vie. Les rivières, issues des pluies, de la fonte des neiges et du glacier Drangajökull, serpentent des paysages à couper le souffle et finissent parfois en cascades et chutes d’eau.

La baie de Hornvik à Hornstrandir
La baie de Hornvik à Hornstrandir

La réserve de Hornstrandir est aussi et avant tout connue pour ses renards. Pour l’observation et la photographie du renard polaire, cette région n’a pas d’équivalent. La baie de Hornvik possède même la plus grande densité de renards polaires au monde! Nous avons la chance de travailler dans la réserve et nous constatons chaque année à quel point Hornstrandir est un paradis pour ce petit canidé, menacé partout en Arctique, mais protégé dans la réserve.

Renard polaire à Hornstrandir
Renard polaire à Hornstrandir

Enfin, les mammifères marins ne manquent pas dans la réserve naturelle de Hornstrandir. Depuis la côte, il est possible d’observer des phoques communs, des baleines à bosse, des baleines de minke ou encore des orques. Il suffit d’ouvrir l’œil et de guetter les nageoires, les souffles des baleines et les petites têtes de phoques curieux qui viennent souvent nous dire bonjour.

Phoque commun à Hesteyri
Phoque commun à Hesteyri

La station baleinière norvégienne de Hesteyri

En 1894, la société norvégienne Brodrene Bull obtient un bail pour construire une station baleinière à Stekkeyr, à environ 2 km du village de Hesteyri. Les habitants du village n’avaient pas leur mot à dire, car la démarche était légale.
En plus de l’usine, la société a construit des maisons où vivaient les ouvriers et le patron, un atelier et un quai.

En 1924, la station baleinière a été transformée par les islandais en usine de harrang. Les norvégiens étaient partis depuis le début du siècle à l’est du pays exercer la même activité.
Enfin, le début de la seconde guerre mondiale sonne le glas pour cette usine qui fût abandonnée avant d’être récupérée par l’Etat au début des années 1950.

Aujourd’hui, la station baleinière de Hesteyri est une ruine de briques rouges et de béton. Mais l’ancienne cheminée est toujours debout et suscite la curiosité des visiteurs. En hiver, elle fait office d’abri pour les renards polaires. Comme quoi, rien n’est jamais perdu!

La station baleinière norvégienne de Hesteyri
La station baleinière norvégienne de Hesteyri

La base aérienne de Straumnes

La base aérienne de Straumnes (également appelée Látrar) est une base américaine construite en 1953 située sur les falaises de Straumnes. Elle a été utilisée par l’armée américaine durant seulement 4 années avant d’être abandonnée pour des raisons financières, les coûts d’exploitation étant trop élevés.

La base militaire de Látrar a été construite dans un contexte de guerre froide. En effet, les avions soviétiques longeaient la côte nord européenne, ce qui a conduit les Etats-Unis à sécuriser cette zone, et l’Islande était l’endroit parfait pour y installer des radars de surveillance.
Le rôle de cette station était uniquement de détecter et d’informer. Une autre base militaire, située dans la ville de Keflavik au sud-ouest, était chargée d’intervenir.

Depuis, la base aérienne de Straumnes a été nettoyée et les bâtiments à l’abandon sont devenus une curiosité touristique. L’accès reste difficile mais il offre une magnifique vue sur les baies d’Aðalvík et de Fljótavík. Par beau temps, il est même possible de voir le Groenland, à moins de 300 km au nord-ouest de Straumnes.

Les activités proposées à Hornstrandir

Si le village de Hesteyri est aujourd’hui inhabité et déserté en hiver, il est devenu le principal accès à la réserve naturelle de Hornstrandir en été. De nombreuses activités y sont proposées pour tous les âges par les acteurs du tourisme locaux.

Nos stages photo

Notre stage photo renard polaire a lieu chaque année dans la réserve naturelle de Hornstrandir. Nous avons choisi d’emmener nos participants au nord de la réserve, où l’humain est très peu présent. Nous connaissons par cœur la région, les territoires de renards polaires et les terriers.
Durant 8 jours, nous organisons des groupes de travail et emmenons les participants à la rencontre du renard polaire et des autres animaux de la réserve.

Renard polaire à Hornstrandir
Renard polaire à Hornstrandir

Le trekking à Hornstrandir

Le trekking est certainement la première activité dans la réserve naturelle de Hornstrandir. Ceci dit, cette activité n’est pas accessible à tout le monde. Les conditions y sont extrêmes, et même en été, les tempêtes ne sont pas rares. Le trekking à Hornstrandir est donc réservé aux personnes expérimentées qui ont l’habitude de randonner en autonomie dans des régions froides et humides.

Par ailleurs, il faut savoir qu’il est interdit de bivouaquer hors des camps à Hornstrandir. Il y a un camp par fjord ou baie, à l’exception de Hornvik où deux espaces de bivouac ont été aménagés. Il est donc important de bien calculer ses itinéraires afin de toujours finir ses journées dans un camp.

Le trekking à Hornstrandir
Le trekking à Hornstrandir

Le kayaking à Hornstrandir

Certaines entreprises de tourisme proposent une activité de kayaking dans les fjords et baies de Hornstrandir. Ce n’est pas l’activité la plus commune mais les amateurs de Kayak peuvent apprécier les paysages de la réserve depuis l’océan.

Une balade à Hesteyri

La majorité des personnes qui se rendent à Hornstrandir en été se contentent d’une petite balade à Hesteyri. Il est possible de faire une petite randonnée dans le fjord, de visiter l’ancienne station baleinière et de déguster une tarte à la rhubarbe, spécialité de l’auberge aujourd’hui située dans la maison du médecin.

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